14-18. Un tableau réaliste et poignant de la réalité des combats
Cet ouvrage d’une grande profondeur vient tourner nos regards et nos cœurs vers Dieu avec la force de l’espérance.
L’auteur l’affirme dès l’introduction, ce livre ne se veut pas être un livre d’histoire mais plutôt de spiritualité historique. Et il est vrai que cet ouvrage est un peu inclassable… Il n’en reste pas moins qu’il trouve dans le contexte actuel un cadre favorable pour faire résonner avec vigueur son propos. Tout d’abord parce qu’en cette année 2018 nous célébrons le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Faire l’effort de se pencher sur l’histoire de ces hommes qui ont donné leur vie pour notre patrie est une façon d’honorer leur mémoire, pour ne pas dire un devoir. A cet égard, la large place faite aux écrits de soldats est une bonne manière de ne pas laisser ces lettres et ces journaux au fond d’un grenier.
Dans la première partie de l’ouvrage, l’auteur se sert du matériel historique pour brosser un tableau réaliste et poignant de la réalité des combats. Bien qu’il s’appuie sur le passé, son expérience d’aumônier militaire ne cesse de se faire sentir et l’auteur ne manque pas d’apporter un éclairage actuel à partir du Magistère et de la Tradition de l’Eglise sur les grandes questions toujours brûlantes que pose la guerre : quid du Dieu de la guerre selon la Bible, de la position du pape lors des conflits, de la possibilité d’être chrétien et soldat, etc.
La deuxième partie insère au cœur de l’ouvrage un chemin de croix qui nous plonge au cœur de l’expérience spirituelle des soldats chrétiens. De même que la dernière partie donne accès à une précieuse sélection de lettres et prières jaillies du fond des tranchées.
Avec une grande pédagogie et un souci éminemment pastoral, le P. Jean-Yves Ducourneau ne manque pas d’étayer tout au long de cet ouvrage sa thèse dont l’apparente simplicité ne doit pas faire douter de la profondeur et de la pertinence : Dieu est Père de tous les hommes et il est aussi la cause de tous les hommes. Parce qu’il est bon, il se désole de la guerre et n’a d’autre réponse que de s’engager aux côtés de tous ses enfants sans distinction de race et de nation de sorte qu’il n’est pas le Dieu DE la guerre mais le Dieu DANS la guerre.
Alors que celle de 14-18 devait être la « Der de Ders » et que notre époque semble entendre sourdre des conflits sans cesse plus violents, cet ouvrage d’une grande profondeur vient tourner nos regards et nos cœurs vers Dieu avec la force de l’espérance qui « donne sens au souvenir et le sort de sa morbidité pour lui donner la couleur de la paix du cœur et de l’âme » (p. 198).
Nous en avons bien besoin.
Recension sur le site : www.lirechretien.fr