Alex et Maud Lauriot Prévost reviennent sur les conseils que le pape leur a confiés pour les époux chrétiens – Aleteia
Le pape François a reçu le 26 février quatre couples de la Communion Priscille et Aquila. Objet de la rencontre : parler de l’engagement missionnaire des couples dans l’Église. Pour Aleteia, Alex et Maud Lauriot Prévost, auteurs d’un récent “Jésus recrute” (Editions des Béatitudes), reviennent sur les grands conseils que le pape leur a confiés pour les époux chrétiens… et pour les évêques.
Nous sommes le samedi 26 février 2022, vers 8h30. Avec les quatre couples du Conseil général de la Communion Priscille et Aquila, nous sommes introduits dans la bibliothèque privée du Palais apostolique où le pape nous a accordé une audience de près de 40 minutes. Un temps de grande bénédiction, un temps de grâce exceptionnelle, un temps hors du temps et pourtant si simple, un temps de dialogue et de partage très instructif pour notre délégation. Ce que le pape nous a dit s’adresse à tous les époux chrétiens : à l’exemple de Priscille et Aquila, soyez le visage de l’amour, proclamez l’évangile du Salut, y compris aux futurs mariés, entourez vos évêques…
Révélez le visage de l’amour
Dès que nous nous sommes installés autour de lui, le Pape nous dit qu’il tient d’emblée à nous faire part de deux grandes convictions. Premièrement, la mission d’un couple marié est bien plus que celle d’un homme et d’une femme : les époux sont « un » par le sacrement du mariage. Selon lui, cela donne un impact particulier à leur engagement missionnaire et au témoignage qu’ils apportent. Ce propos fait référence à Amoris lætitia sur la nature et la mission singulière du couple : révéler à tous le visage de l’amour, le visage d’un Dieu-communion dont les époux sont l’image.
Ensuite, le Pape dit l’importance pour lui de la figure des saints époux Priscille et Aquila, comme couple uni dans la foi et couple missionnaire. Depuis novembre 2019, le pape a plusieurs fois cité ce couple d’exception qui apparaît souvent dans les Actes et les épîtres ; il y propose Aquila et Priscille aux couples d’aujourd’hui mais aussi aux prêtres, aux évêques comme modèle du couple missionnaire.
Un couple missionnaire auprès de chaque évêque
Le pape insiste auprès de nous sur ce dernier point : les évêques sont appelés à vivre une « nuptialité avec l’Église » qui leur est confiée à l’image des épousailles du Christ et de l’Église, et c’est pourquoi des couples — unis dans le sacrement de mariage et engagés dans la mission — doivent être à leur côté, à proximité de l’évêque pour qu’il ait constamment devant lui la réalité des épousailles. François précise qu’un tel couple apporte ainsi à l’évêque la réalité de « sa maison », non au sens matériel du terme mais au sens de sa petite église domestique, fondée sur le sacrement de la nuptialité que l’évêque doit pouvoir vivre lui-même, au nom du Christ, avec son Église.
Évangéliser avec le kérygme
C’est le fil conducteur de notre échange : le kérygme dans la vie du couple, c’est-à-dire la proclamation de l’Évangile du Salut appliqué au mariage. Devant le Pape, notre délégation témoigne de l’expérience de chacun, des richesses et des fruits, souvent assez incroyables, de l’évangélisation de l’amour conjugal à partir du kérygme, combien le Christ-Sauveur, annoncé dans l’Esprit-Saint, peut ainsi mener beaucoup de couples sur des chemins de consolation, de guérison, de conversion, de réconciliation, de réveil ou de libération. Nous soulignons le fait que bien des époux peuvent prêcher ensemble et avec pertinence ce kérygme, témoigner de ses fruits dans leur vie, dans la mesure où ils y sont formés et préparés, ce qui est de fait assez rapide et très accessible si le couple a vraiment fait une expérience du Christ-Sauveur. Nous rapportons également combien des couples loin de la foi, en difficulté ou simplement quelque peu endormis, sont touchés, rejoints et vivent alors de belles conversions, et parfois même de vraies résurrections, quel que soit le nombre d’années de vie commune.
Le pape semble passionné, pose des questions, blague… puis il revient longuement sur l’importance centrale d’évangéliser avec le kérygme ; il nous encourage à le placer comme la base de notre formation missionnaire des couples. Il précise aussi qu’une telle évangélisation par le kérygme « n’est ni prosélytisme, ni idéologie », deux grands pièges et écueils missionnaires. Cet éclairage particulier est nouveau, et nous le trouvons particulièrement pertinent, il mérite d’être approfondi et travaillé dans la formation de missionnaires.
Une préparation au mariage évangélisatrice
Nous en venons particulièrement à nos initiatives et expériences missionnaires en termes de préparation du mariage. Le pape appuie sur le lien évident entre foi et sacrement de mariage, d’où son rappel de deux priorités pastorales en préparation au mariage : d’une part, il est essentiel que la préparation au mariage soit une occasion d’évangéliser les futurs époux, et, en cela, l’annonce et le témoignage du kérygme sont prioritaires selon lui pour les rejoindre, les conduire à la foi ; d’autre part, il nous encourage à avancer sur la mise en œuvre concrètes d’un véritable catéchuménat conjugal et ce, insiste-t-il, avant le mariage et durant les premières années qui le suivent.
« Avanti ! »
Avant de prendre congé, le Pape nous confie combien il est frappé du vrai réveil et de l’originalité missionnaire qu’il observe en France, en les qualifiant de « bénédiction pour votre Église », de « fruits du Saint-Esprit ». Il nous lance un vigoureux « Avanti ! Allez, avancez ! » En l’écoutant, nous avons la conviction que François exhorte à la mission, bien au-delà de la Communion Priscille et Aquila, de très nombreux époux présents dans des paroisses, des diocèses, des communautés ou des mouvements : beaucoup en effet aspirent à un profond renouveau des pastorales conjugales, à un vrai changement de braquet missionnaire, à une implication bien plus grande des couples dans l’annonce de l’Évangile, à une synergie missionnaire plus féconde et équilibrée entre couples et prêtres, et même évêques. Son propos est très encourageant : certes, tout cela prendra du temps, il y a et il y aura encore bien des résistances, mais le mouvement est inéluctable. N’est-ce pas là source d’une grande espérance ? Avanti !
Aleteia, le 20 mars 2022