Béatrice Libori

Voilà un très beau petit livre du Père Cantalamessa, à la lecture aisée, tout en étant d’une grande profondeur spirituelle. Ce capucin charismatique, docteur en théologie, enseignant (Histoire des origines chrétiennes, Université catholique de Milan), est fort célèbre, en Italie et par le monde, pour ses prédications. Prédicateur officiel de la Maison Pontificale, ses homélies sont régulièrement télédiffusées. Il est aussi membre de la Commission théologique internationale.
Contempler la Trinité nous invite à un merveilleux voyage au cœur de la Beauté de Dieu, sans jamais nous faire quitter notre propre humanité, notre profonde aspiration au bonheur (à l’unité, la simplicité, la communion…) et à la nécessité quotidienne que nous avons tous de nous convertir (voir en particulier les pages percutantes consacrées à l’hypocrisie !).
Ainsi, partant de l’extraordinaire icône de la Trinité de Roublev, l’auteur commence par insister sur l’unité fondamentale qui existe entre les trois Personnes divines. Puis, aussitôt, il rejoint notre recherche profonde d’unité. Cette unité, vers laquelle nous tendons tous, nous pensons toujours la trouver en dirigeant l’autre à nous. Or, nous le savons, au coeur de la Trinité, le mouvement est inverse : chaque Personne se donne à l’autre, totalement. Là est la clef du bonheur.
Revenant sur les manifestations de la Trinité, l’auteur parlera de la Croix comme la plus belle de Ses manifestations, mais sans jamais oublier la Résurrection. Dans un autre passage, le Père Cantalamessa insistera sur le bonheur : « Nous voulons tous être heureux » (Beati omnes esse volumus, Cicéron), sa vraie recherche et surtout sa fin véritable. Ailleurs, ce sera sur la Beauté de Dieu et cet idéal ambigu de beauté qui attire tant l’homme d’aujourd’hui. Ce dernier « doute du vrai, résiste au bien mais est fasciné par le beau » (G. Daneels, cité p. 95) ; « désorienté », l’homme en pâtit terriblement. L’auteur revient également sur la prière trinitaire, l’Église-communion, etc… Autant de thèmes connus, mais parfaitement repris et approfondis.
Bref, un excellent ouvrage, facile à lire, sans jamais être simpliste, loin de là, qui puise abondamment dans la Parole de Dieu et la lettre Novo millenio ineunte du Pape Jean-Paul II. A recommander à tous !
En voici un court extrait : « Le mystère trinitaire est l’unique réponse à l’athéisme moderne. (…). Certains aujourd’hui voudraient mettre entre parenthèses le dogme de la Trinité pour faciliter le dialogue avec les autres grandes religions monothéistes. C’est une opération suicide. Ce serait comme ôter l’épine dorsale d’une personne pour la faire marcher plus rapidement ! La Trinité a donné une telle empreinte à la théologie, la liturgie, la spiritualité et la vie chrétienne entière, qu’y renoncer voudrait dire commencer une autre religion complètement différente.
Ce que l’on doit faire, c’est plutôt faire descendre ce mystère des livres de théologie à la vie. Tous les grands théologiens semblent aujourd’hui convaincus que c’est la doctrine de la Trinité qui fait tenir ou s’ébranler toute chose dans le christianisme (…). Ce qui manque, c’est que cette redécouverte soit à la portée des gens, afin que la Trinité ne soit pas un mystère étudié et correctement formulé, mais qu’elle soit vécue, adorée, savourée. Que les baptisés apprennent à co-habiter avec la Trinité. Elles sont les trois personnes qui nous sont les plus intimes dans la vie –plus que l’époux, l’épouse, le père ou la mère- parce qu’elles « demeurent en nous » (cf. Jn 14, 23) » (pp. 25-26).

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