Entretien avec Elvine, coloriste BD
« le défi de cette BD. Amener le lecteur à entrer dans la Passion et dans la contemplation. »
En quelques mots, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Je suis illustratrice et maman, et coloriste des différents albums de Coolus : Quel paroissien es-tu?, Nuit Blanche à Bethléem, Galilée, une affaire qui tourne, et enfin Scandale à Jérusalem.
Depuis combien de temps travaillez-vous avec le dessinateur Coolus, co-auteur avec Birus de cette nouvelle BD? J’ai la chance d’être la petite sœur de Coolus et de travailler avec lui depuis une quinzaine d’années maintenant. Comme il souffre d’un handicap visuel particulièrement important et qu’il ne voit pas les couleurs, je suis ses yeux sur chacun de ses projets.
Comment travaillez-vous ensemble? Coolus est prêtre en communauté, chargé d’une paroisse à Perpignan. J’habite à côté d’Amiens, plus de 1000 km nous séparent, mais une chose est sûre: la BD nous rapproche! Lorsque nous travaillons ensemble (particulièrement par mail), Coolus me donne des indications quant à ce qu’il souhaite faire passer dans ses planches (ambiance joyeuse et lumineuse, passages graves, souffrance ou au contraire, légèreté) puis il me laisse carte blanche pour exprimer aussi ce que je peux ressentir à travers ses dessins.
Cette étape est un moment de partage très particulier. A travers des indications de planches à coloriser, nous partageons aussi nos quotidiens et nos galères. La BD nous rapproche et l’humour aussi! Il en faut, car c’est un travail prenant pour l’un comme pour l’autre et qui demande une grande part d’humilité pour chacun de nous pour pouvoir nous ajuster à ce que l’autre veut dire (par le dessin ou la couleur).
Scandale à Jérusalem est le dernier tome de votre trilogie sur la vie de Jésus, après Nuit blanche à Bethléem et Galilée une affaire qui tourne, on y retrouve les même animaux. Pourquoi utiliser des animaux? Le fait de choisir des animaux pour illustrer cette trilogie permet de prendre un peu de recul sur l’histoire et de pouvoir ajouter des éléments comiques propres à chaque animal sans altérer le message principal de Jésus. Une taupe pour illustrer Judas, il fallait y penser! Si nous regardons de plus près, la majorité des contes que nous connaissons sont illustrés par des animaux. Et puis nous sommes souvent l’un ou l’autre: l’ours bourru qui ne se laisse pas facilement déranger, le mouton qui suit bêtement le troupeau, le serpent qui peut être source de division, le lapin qui accueille le message…
Comment avez-vous abordé le thème de la Passion – alors que la BD pleine d’humour pourrait laisser présager trop de légèreté sur ce sujet? Ce sujet est délicat parce que l’on ne peut pas rire de la Passion. Ce thème est grave, certes, mais lorsqu’on le vit avec Jésus, au plus près de sa réalité on ne peut qu’en contempler la beauté. C’était tout le défi de cette BD. Amener le lecteur à entrer dans la Passion et dans la contemplation. Coolus a laissé une large place aux images contemplatives, sans textes, où l’œil se pose et où le cœur peut s’ouvrir. Pas d’images doloristes et sanglantes, mais des images douces et de compassion après la mort de Jésus.
Dans votre palette de couleur: qu’est-ce qui vous semblait important de traduire? Le ton de cet album est rouge dans l’ensemble. Rouge comme le sang, la douleur. Mais rouge aussi comme la passion, comme l’amour passionnel du Père pour ses enfants. La première partie de l’album est assez vive dans les tons choisis. C’est la préparation de la fête de la Pâques. Il y a de l’action et de la vie. Puis progressivement, nous passons au Mont des Oliviers où l’ambiance se refroidit, on sent la mort arriver. On vit les instants de Jésus qui souffre et qui est tenté par le découragement et le doute. La violence de la passion et de la mort de Jésus nous amène à un univers dans des tons plus chauds et lourds. Retour à la nuit après la mort de Jésus. Puis, progressivement, nous allons suivre les premiers pas des apôtres qui découvrent l’incroyable. La lumière se fait dans leurs cœurs et progresse dans l’album jusqu’à la fin.
Qu’est-ce qui vous tenait à cœur tous ensemble d’exprimer à travers cet album qui se conclue par la Pentecôte jusqu’à nos jours? Cette BD, qui clôt la trilogie invite le lecteur à relire l’histoire de Jésus dans son ensemble (sa naissance, sa vie publique, sa Passion et sa Résurrection) et à lui poser la question: «Et toi, que fais-tu de tout ça maintenant? Quel impact (ou pas) dans ta vie? Que vas-tu faire de ce message?» Chacun a sa réponse, c’est une question ouverte.
Que souhaitez-vous au lecteur à la lecture de cette BD?
Cher lecteur, en lisant cette BD:
– Amuse-toi car son auteur a de l’humour et Dieu aussi!
– Ouvre ta Bible pour retrouver les références cachées et approfondir ce qui te parle.
– Offre-la! Car cette bonne nouvelle est universelle et mérite d’être partagée !
Propos recueillis par L. Lorusso, mars 2018