Famille Chrétienne, 24/02/2016, N°1989, Diane Gautret, extraits d’interview:

(…)L’homme peut bien évoluer physiquement, change-t-il vraiment dans sa structure profonde?

De plus en plus invasive, la technique influe bien sûr sur nos comportements. Donc dans ce sens, on peut dire qu’elle nous modifie à la périphérie. Mais notre « nature humaine », ou notre « identité humaine », qui n’appartient ni aux grands singes, ni aux animaux domestiques, reste fondamentalement la même. L’homme a une « terre », il est invité à la cultiver et à la garder (Gn 2, 15). Ce qui n’en fait pas un être figé pour autant. La personne est invitée à grandir.

Faites par ailleurs l’expérience de vous retirer une quinzaine de jours dans un ermitage, sans écran ni machines! Là, on rentre vraiment dans le disque dur de l’homme. Après une phase intense d’agitation interne où remonte un flot d’images, d’instincts et d’émotions, il peut accueillir ses inclinations les plus naturelles, son désir profond de paix et d’unité intérieures, de joie, de vraie liberté, de proximité aux autres, d’amour et de respect de la vie.

Il peut aussi se laisser surprendre par la grâce, la présence vivante de Dieu. La plus belle personne que j’ai rencontrée, c’était dans un désert: une vieille paysanne qui sortait d’une cabane et qui irradiait d’humanité. On sentait en elle une incroyable présence au temps, à l’espace, à son environnement, à elle-même, aux autres et à Dieu!

D’un point de vue chrétien, on peut dire que l’homme « progresse ». Dans quel but ? Vers quelle finalité ?

Seule la théologie est capable de dégager le sens ultime de la vocation humaine, selon les desseins du Créateur. La réponse au transhumanisme est le personnalisme intégral, une notion préparée par la pensée de Jacques Maritain et qu’on retrouve sous la plume de saint Jean-Paul II dans son maître ouvrage philosophique, Personne et acte (1969).

L’être humain est fait pour se trouver lui-même en recevant la grâce et en se donnant gratuitement. À condition d’avoir éprouvé en soi un sentiment de gratitude pour la vie reçue (de Dieu, de sa famille, de son environnement, de sa nature humaine créée, de sa différence sexuée). À condition d’avoir également discerné en soi un « je » singulier, dégagé de ses scories, de ses esclavages, de ses penchants narcissiques. Étapes qui s’approfondissent dans l’espace vital de la prière.

Cette approche du personnalisme est à la source de toute la doctrine sociale de l’Église, où le bien intégral de la personne s’accomplit dans le bien commun, bien de tous et de chacun. Elle rend possible une famille humaine unie et une fraternité universelle. Ultimement, la synthèse vivante du personnalisme intégral est le Christ, unique lien entre le vrai, le bien et la liberté (Jean-Paul II, La Splendeur de la vérité), Lui qui nous donne la vie en surabondance (Jn 10, 10). C’est l’arrière-plan de la pédagogie du pape François : que la foi devienne vie, au cœur du mystère de la Croix vécu au quotidien. 

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