Famille Chrétienne, n°1913, du 13 au 19 septembre 2014, Luc Adrian (extraits):
Tout en biscoteaux, le « Padre » Ducourneau. Sous la veste kaki, les pectoraux font gonfler le galon d’aumônier militaire. Fonction qu’il exerce en cette Ecole des sous-officiers depuis septembre 2012.
Le « Padre » Jean-Yves c’est du béton « larmé » : un bloc costaud avec des fissures. En jaillit la compassion. Dans ce monde militaire où la force est magnifiée, il ose ne pas masquer ses fragilités. Cette pastorale de l’amitié, de la vérité – et de la joie qui est, selon lui, le premier témoignage du chrétien -, semble porter des fruits: les demandes de baptême se multiplient à l’aumônerie.
C’est dans la chapelle que ce résilient évoque les «balises de lumière» qui l’ont aidé, lui qui passa une partie de son enfance enfermé dans un poulailler, à surmonter ce «manque d’amour initial qui vole l’enfance». «Car je sais ce que c’est que de vouloir tuer sa mère», lâche-t-il sobrement (sa propre mère l’appelait «l’autre» ou «la pourriture»). Ces tuteurs d’amour lui permettront de grandir. «Ma fragilité a aiguisé le sens de l’autre, et en particulier du frère qui souffre. Par ce « mal de mère », je peux faire du bien sur terre : le bien de Dieu.»