La Nef, mars 2011, Isabelle Grimberg :
Années cauchemardesques pourtant, tout particulièrement celles passées à la sinistre prison de Loubianka, puis dans les camps de travail de la Sibérie septentrionale. Cauchemar dont il relata les détails dans un ouvrage paru aux Etats-Unis en 1964, L’espion du Vatican, et dont il livra le sens moins de dix ans plus tard dans cet admirable Avec Dieu au goulag qui est donc un véritable livre de spiritualité. Le père Ciszek y dépeint en effet son cheminement spirituel, celui d’un lent et complet abandon à la volonté divine, d’une confiance sans cesse à renouveler dans le dessin de Dieu.
Et quand après cinq années d’emprisonnement, il sera condamné à 15 ans de travaux forcés dans le redoutable goulag sibérien, il comprendra peu à peu le sens de sa présence sur cette terre de souffrances : apporter le Christ aux plus pauvres des membres du troupeau du bon Berger, à ces hommes, affamés, épuisés, transis de froid, terrorisés, prisonniers sur une terre de désolation glacée. C’est qu’en effet, il a pu, durant ces années, vivre son sacerdoce dans des conditions qui laissent le catholique occidental de ce début du XXIe siècle muet d’admiration.