Laurent Gay : La résurrection d’un ancien toxicomane, La Vie
Le gamin délinquant a plongé dans l’enfer de la drogue et de la violence avant d’être rattrapé par la grâce en prison. Fort de sa longue conversion au sein d’une communauté nouvelle, depuis 15 ans il témoigne auprès des jeunes dans les écoles et les églises.
La cité où j’ai grandi était coincée entre les boulevards chauds des Maréchaux et le périph extérieur du Paris populaire. Avec ma petite gueule d’ange, j’étais une proie facile pour le caïd de l’école primaire. Et ça n’a pas loupé ! Vers l’âge de 8 ans, j’ai commencé à me faire harceler, racketter par lui. J’allais en classe la boule au ventre.
Introverti de nature, je n’en parlais à personne, pas même à mes parents qui, pourtant, étaient des gens formidables. Je souffrais dans mon coin, trouvant cela normal qu’on me fasse du mal. Jusqu’au jour où, n’en pouvant plus, je me suis dit : « Sois je réagis, sois je crève. »
À la sortie du réfectoire, j’ai foncé sur ce jeune qui me terrorisait et lui ai expédié un coup de boule en plein visage. K.-O. ! Les surveillants m’ont conduit chez le directeur, mais je me revois encore traverser la cour la tête haute. En cinq minutes, ma vie de garçon sage a basculé dans une adolescence sauvage.
« C’est là que j’ai goûté à l’héroïne »
J’ai formé une bande de copains, et nous avons fait de la cité du boulevard Ney notre immense terrain de jeu. Petit minot de la rue toujours aux aguets d’un sale coup, j’ai débuté par des menus larcins – les clopes de mes parents ! -, pour arriver à des vols en tout genre – ma première mob à 10 ans. C’est effrayant de voir comment un enfant influençable et sans repères peut vite tomber dans la délinquance… et la drogue. Avec mon premier joint à 11 ans, je suis devenu accro aux effets de la défonce.
Alexia Vidot, La Vie