« Nouvelle Revue théologique », 2010, P. Detienne (sj)
Pas plus que de lumière, d’oxygène ou de vitamines, l’homme ne peut se passer de féminin… Rien ne s’est développé en moi que sous le regard et sou l’influence de femme… Accumulant les citations d’un Teilhard qu’elle vénère mais qu’elle n’a pas connu, l’auteur évoque ses « amitiés féminines » (elle cite une vingtaine de noms), telles qu’elle les découvre dans les lettres reçues de lui, leurs propres missives ayant malheureusement disparu. Que leur écrit-il ? A Marguerité Teillard-Chambon, sa cousine : « Nous domestiquerons pour Dieu les énergies de l’amour ». A Léontine Zanta, philosophe : Vous me forcez et m’aidez à penser beaucoup ». A Lucile Swan, à qui il parlait de « notre livre » (Le phénomène humain) et qui finira par s’éprendre de lui : « Serais-je complet sans vous ? Vous êtes devenue une part de ma vie la plus profonde ». A Claude Rivière : « Il y a tant de choses qui dorment en moi et qui restent sommeillantes parce que je n’ai personne à qui les dire ». De Rhoda de Tera, qui a pris soin de lui durant ses dernières années et chez qui il est mort, il dira : « Elle représente pour moi une sécurité psychologique ». Envers Jeanne Mortier, dont il fera son légataire universel, il se montre respectueux et cordial mais un peu distant : « Je sens et j’apprécie profondément ce que m’apporte votre inlassable puissance de collaboration et de dévouement ». Sur toile de fond de ces divers portraits, l’auteur insiste sur l’état dépressif chronique de Teilhard, son inquiétude et ses angoisses.
Une deuxième partie de l’ouvrage développe différents thèmes. Nous en retenons deux : la dévotion de Teilhard envers Marie : sans doute, si j’avais eu moins d’amies, me serait-elle plus vivante… mais avais-je le choix ? la chasteté féconde : la joie de dépasser la tempête apaisée… se rendre sourd et aveugle devant certaines invites. Un ouvrage de vulgarisation qui ne s’embarrasse pas de références, agréable et bienfaisant.