Ubi & Orbi, la Documentation Catholique, 5 mai 2015, Dominique Greiner:
Pour le cardinal Kasper, la miséricorde est la clé de l’existence chrétienne
À l’occasion de la sortie en français de son livre sur la Miséricorde, le cardinal Walter Kasper a donné lundi 4 mai au soir une conférence au Collège des Bernardins sur le thème « le défi de la miséricorde».
Devant un auditoire fourni, le président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens a
commencé par dire l’origine de son travail. Préparant une conférence la miséricorde, il a fait le constat d’un manque d’intérêt des théologiens pour ce qui est pourtant « un thème central dans la Bible et une clé dans la vie de tout chrétien »: « Tous les manuels de théologie et les articles sur la miséricorde des revues théologiques que j’ai alors consultés ne m’ont été d’aucun secours.»
Creusant plus avant la question, il a aussi noté la défiance de la philosophie moderne (Kant, Marx, Nietzsche) au sujet de la miséricorde. Or a-t-il relevé, «un monde privé de compassion et privé de miséricorde est un monde froid». «Ce sont précisément les deux idéologies du marxisme et du nazisme – qui ont particulièrement ravagé le vingtième siècle et ont causé des souffrances considérables à énormément de gens – qui ont conduit à repenser l’idée de la miséricorde. C’est dans cette situation que l’Église conciliaire et postconciliaire a redécouvert la centralité ainsi que le défi du message de la miséricorde», a-t-il souligné.
«Aujourd’hui le pape François, en pleine continuité avec ses prédécesseurs, fait de la miséricorde le thème central, fondamental et le mot-clé de son Pontificat», a t-il encore affirmé.(…)
Repoussant une conception «à bon marché» de la miséricorde qui est de l’ordre du commandement, il a aussi réfuté l’idée selon laquelle «la théologie de la miséricorde casse le concept de la vérité». «Comme si la miséricorde n’était pas une vérité révélée ! De plus, cette vérité est intimement liée à toutes les autres vérités. (…) Par conséquent, parler d’une opposition entre la miséricorde et la vérité est une absurdité théologique, et celui qui parle ainsi n’a compris, ni ce qu’est la miséricorde, ni ce qu’est la vérité révélée.(…)»