« Veux-tu vivre des jours heureux ? » – Revue de la communauté monastique de Saint-Benoit-Sur-Loire : Renaissance de Fleury.
« Veux-tu vivre des jours heureux ? » Saint Benoît, dans Règle des moines, pose d’entrée de jeu la question à celui (celle) qui se présente au monastère. Plein d’humanité, il connaît suffisamment l’homme pour le prendre du côté où sa quête est infinie : chercher le bonheur. Connaissant mieux encore que Benoît ce qu’il y a dans l’homme, Jésus l’avait devancé. Il inaugure son ministère public avec un programme qui accroche les foules : une promesse de bonheur. Heureux, heureux, heureux… Du bonheur, oui, mais avec un contenu et des contours comme personne d’autre n’en avait parlé avant lui. Qui avait imaginé avant lui de mélanger des ingrédients aussi peu attrayants : la pauvreté aux larmes, les larmes à la soif ou à la faim, la paix à la persécution ? Dom Olivier Quenardel est entré en 1967 au monastère bourguignon de Cîteaux, et en a été abbé de 1993 à 2021. Il prend les béatitudes une à une, dans l’ordre de leur énoncé selon l’Évangile de saint Matthieu (Mt 5, 1-9). Il applique à chacune sept courtes méditations pour en faire miroiter le contenu et inciter à la mettre en pratique. Il se met en quatre pour nous faire entrer insensiblement dans la Grande Semaine pascale qui se dessine au fur et à mesure de son propos, du lundi au dimanche, dernier jour mais qui se révèle ainsi être le premier. Dom Olivier montre combien chaque béatitude engendre la suivante, et trace un chemin de sainteté à notre portée. Son sens de la formule, « L’art des arts, c’est de descendre sans tomber », prend le lecteur au dépourvu et le conduit à aimer, c’est-à-dire à trouver son bonheur à donner du bonheur à d’autres.
Renaissance de Fleury, n°282, juin 2022.