Site www.cath.ch, 03.01.2016, par Pierre Pistoletti, interview
« On ne guérit pas d’un abus sexuel, mais on peut en faire un levier »
Un chemin de reconstruction pour les personnes abusées et maltraitées. C’est une telle voie qui s’esquisse au fil des pages du dernier ouvrage de l’abbé Joël Pralong, Les larmes de l’innocence, publié en décembre dernier. En recueillant le témoignage de sept personnes abusées, dont certaines par des prêtres, le directeur du séminaire de Sion livre un message d’espérance: si on ne guérit pas de ces blessures, elles peuvent parfois devenir un levier. Interview.
Pourquoi avoir écrit un tel livre?
Pour une part, ce livre est né d’une prise de conscience de l’ampleur du phénomène. Parmi les confidences que l’on me fait, je peux dire qu’une personne sur cinq a été victime d’un abus sexuel – et parfois par un prêtre.
En 2014, je me trouvais à Hanoï, sur les pas de Marcel Van, un jeune rédemptoriste lui-même victime de maltraitances de toutes sortes. A ce moment là, j’ai senti au plus profond de moi le besoin d’écrire quelque chose sur le sujet. J’ai demandé à Dieu un signe pour confirmer cette intuition. Il n’a pas tardé à agir: de retour en Suisse, je retrouvais un mail d’une connaissance qui me demandait d’écrire quelque chose de spirituel pour les enfants abusés.
Je me suis lancé, ne sachant pas à quoi ce projet allait aboutir. Très vite, j’ai rencontré des personnes qui ont accepté de me confier leur témoignage. Pour la première fois, elles mettaient des mots sur leur souffrance. Ce fut pour elles une expérience libératrice. Suite sur le
site.